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Yukon, le vent de liberté

Hugo Blondel
Yukon, le vent de liberté

Partis s’installer au Yukon en 2014, Fabien et Raphaëlle guident et accueillent les voyageurs de Grand Nord Grand Large dans une nature brute et infinie. Une immersion dans la vie locale où la liberté est érigée en principe.

Tous les matins, c'est le même rituel. Fabien et Raphaëlle partent chercher de l'eau à la rivière. Dans leur chalet en bois rond, typique du Canada, il n'y a pas d'eau courante. Ni d'électricité. Quelques panneaux solaires et un générateur de secours suffisent à rendre la vie confortable. Le couple vit au plus proche de la nature à Fish Lake, à quelques kilomètres de Whitehorse, principale ville du Yukon. Pour ces deux Français originaires des Alpes, le Yukon s'est presque imposé comme une évidence.

"On est arrivés ici il y a 8 ans dans le contexte de la Yukon Quest, la grande course de chiens de traineaux, parce que Fabien entrainait des chiens pour un musher", raconte Raphaëlle. Le coup de foudre est immédiat et après un court retour en France, c'est le grand déménagement, avec leurs 5 chiens. Raphaëlle, dont la mère est Québécoise, obtient la citoyenneté et commence à travailler. De son côté, Fabien travaille pour les mushers et continue d'exercer son métier de pisteur secouriste. La petite Rose, 2 ans, rejoint l'aventure en 2021.

L'appel du Grand Nord

"On avait toujours eu des rêves de Grand Nord en ayant eu des expériences l'un comme l'autre dans ces contrées où les hivers sont longs, mais le Yukon a son charme bien à lui", explique Raphaëlle. Historiquement, c'est la ruée vers l'or qui a fait venir les gens ici. Dans ce territoire presque aussi grand que la France, on recense moins de 50 000 habitants : descendants des Premières Nations, francophones, anglophones... "Il y a un vent de liberté au Yukon. La façon dont on vit, proches de la nature, est celle d'une bonne partie de la population, c'est normal, ça n'a rien de marginal. La plupart des projets sont encouragés par le gouvernement et la communauté yukonnaise", décrypte-t-elle.

Raphaelle, Fabien et Rose vivent à quelques kilomètres de Whitehorse, près de Fish Lake © The Call of the Yukon

Animés par cet esprit d'aventure, le couple propose aux touristes de venir pratiquer le ski de randonnée nordique pour une ou plusieurs journées. Les voyageurs peuvent aussi découvrir le traineau à chiens avec Fabien. Autour de chez eux, il y a quelques autres habitations, une longue rivière, un lac et des montagnes.

Avec son expérience de guide de montagne, Raphaëlle est au paradis : "D'ici on peut partir pendant une semaine sans croiser personne pendant des kilomètres et des kilomètres. On parcourt des lacs gelés et des montagnes, on traverse des vallées, on passe par des forêts boréales et primaires qui n'ont jamais été touchées par l'Homme."

Sans oublier les animaux sauvages qui peuplent la région : coyotes, orignaux, caribous, lagopèdes, lynx... Le lynx passe régulièrement près de leur chenil. Les loups sont plus discrets, et les grizzlis aussi qui passent par la vallée pour rejoindre la montagne.

Expérience yukonnaise

Pour prendre part à ce type de séjour, il faut être en forme mais l'expérience yukonnaise reste accessible, comme l'explique Raphaëlle : " Il n'est pas absolument nécessaire d'être un bon skieur. Sur les expéditions à plusieurs jours, on peut avoir certains passages techniques avec les pulkas mais on est là pour se faire plaisir et on prend le temps de déchausser et d'avancer à notre rythme." Pour elle, c'est "l'expérience yukonnaise le plus important", le fait de se mettre en symbiose avec la nature. Avec Fabien, ils sont de véritables guides locaux. Les gens découvrent leur vie de famille. Même Rose prend part aux expéditions, elle avait 4 mois la première fois !

La très faible densité de population au Yukon permet de partir explorer la nature sans croiser personne pendant plusieurs jours  © The Call of the Yukon

Contrairement à la Laponie, ici il n'y a pas de cabanes construites. Pour les expéditions itinérantes, les étapes se font d'un camp à un autre. "Au Yukon, quand on monte un campement, on peut le faire presque n'importe où et celui-ci peut rester en place six mois, voire plus. La seule condition c'est qu'il ne soit pas privé et que tout le monde puisse y accéder", décrit Raphaëlle.

D'ailleurs, Fabien a trouvé un nouveau lieu au printemps dernier, en lisière de forêt, au bord d'un lac : "Il est très spécial car il se situe tout proche d'une zone qui appartient aux Premières Nations, d'où se dégage une certaine spiritualité". Même si le couple qualifie volontiers l'expérience comme étant "rustique et engagée", tout est prévu pour vivre une aventure dans les meilleures conditions possibles, avec même des poêles à bois dans certaines tentes !

En hiver, lorsque la journée se termine, il ne reste qu'à aller couper du bois pour la nuit et rentrer au chaud. Jusqu'au matin où l'aventure redémarre. Ni Fabien, ni Raphaëlle n'ont de regrets. Bien au contraire : "C'est important de ne pas se mettre trop de barrières et de suivre ses rêves. Même s'il faut rester réaliste sur ce qu'on est capable de faire, ici les opportunités sont innombrables." Il suffit de répondre à l'appel du Yukon !

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