Pôles, le magazine par Grand Nord Grand Large

Observer l’ours polaire : un moment suspendu

Stéphane Niveau
Observer l’ours polaire : un moment suspendu

L’été approche. Dans l’hémisphère Nord, les oursons viennent de naître. L’occasion de revenir sur cet animal mythique que Grand Nord Grand Large observe depuis 40 ans, dans quasiment tous les pays polaires.

L'hiver se termine. La saison arctique estivale est sur le point de commencer, et avec elle, son lot d'observations naturalistes. Au milieu d'une nature sauvage, où les traces de l'homme restent encore discrètes, les ourses sortent de leur tanière. Elles viennent de mettre au monde leurs petits.

Il y a encore quatre ou cinq semaines, les nouveaux nés ne pesaient pas plus de 500 grammes, étaient aveugles et sans aucuns poils. Leurs mères ont quelques semaines pour les nourrir avant leur grande sortie, à l'amorce d'une vie polaire pleine d'embûches et de rebondissements.

Depuis longtemps, l'ours polaire exerce sur l'Homme une fascination quasi mystique. Devenu le grand représentant du monde arctique, il est aussi très souvent désigné comme le témoin des difficultés environnementales polaires liées aux changements climatiques actuels.

Vulnérable et protégé

Avec une population mondiale estimée à plus de 20 000 individus (25 000 en l'an 2000 et 80 000 au début du XXe siècle), l'espèce n'est pas pour autant menacée ; elle est classée vulnérable par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). 60% de la population mondiale vit au Canada !

L'Ursus maritimus, littéralement ours de la mer, évolue presque exclusivement dans un environnement marin. Très à l'aise sur terre, son habitat privilégié reste la banquise, pourtant malmenée depuis plusieurs décennies. La chasse demeure, encore aujourd'hui, le plus gros problème de l'ours polaire, suivie de près par la pollution aux métaux lourds qui participe à la baisse du nombre de naissances. La reproduction n'ayant lieu que tous les trois ans en moyenne, il est essentiel de préserver les ours de ces perturbations.

Dans le contexte d'urgence climatique actuel, la nourriture constitue un enjeu pour l'animal. Bien qu'opportuniste, il se nourrit essentiellement de phoques, entre 50 et 70 par an et a besoin en priorité de graisse. En bonne santé, le mâle peut peser jusqu'à 650 kilos et vivre entre 20 et 25 ans.

Observation d'un ours polaire au Spitzberg - ©Gwennaëlle Wit

On protège mieux ce que l'on connaît

Force de la nature, animal solitaire et emblématique de la faune sauvage, l'ours est imprimé dans notre imaginaire collectif. L'épier dans son habitat naturel reste un moment magique et suspendu.

Pour encadrer ces observations, chaque pays instaure ses propres règles de sécurité et d'encadrement. Elles sont établies par un organisme indépendant, AECO (Association of Arctic Expedition Cruise Operators). Grand Nord Grand Large, en tant qu'adhérent, suit ces règles à la lettre. A ski, à pied ou en kayak, l'approche est toujours douce. Avec une bonne paire de jumelles, nul besoin de déranger ce seigneur du Grand Nord. Dans tous nos voyages, le but reste le même : observer l'ours tout en le protégeant.

Pour en savoir plus : vous pouvez lire Faune et flore du Grand Nord, Gérard Bodineau & Nathalie Thibault, Editions GNGL/Delachaux et Niestlé, 304 pages, 35 euros.

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